« Se dit de quelqu’un qui récuse la version communément admise d’un événement et cherche à démontrer que celui-ci résulte d’un complot fomenté par une minorité active. »
Telle est la définition du Larousse pour le mot : complotiste.
Une définition très claire mais qui n’est pas toujours comprise par ceux qui l’utilisent dans le débat politique.
Est bien souvent taxé de complotiste celui qui s’écarte de la doxa progressiste et bien-pensante.
Le vocable théorie du complot est désormais synonyme de thèse mensongère. Par définition, toute critique du système est automatiquement rangée dans la catégorie : théorie du complot !
Comme si, une fois pour toutes, le complot n’existait pas !
C’est ce qui s’est produit avec le documentaire Hold-Up – Retour sur un chaos qui a vu une presse hystérique crier au complotisme absolu !
J’ai regardé ce documentaire qui selon moi ne mérite le qualificatif de complotiste que pour une très faible partie de son contenu. Pour le reste, c’est un excellent documentaire qui démontre la faillite du pouvoir dans la gestion de la pandémie.
La partie consacrée au lynchage médiatico-médical du Professeur Raoult et à l’interdiction de prescription de l’Hydrochloroquine, est un réquisitoire sans faille contre l’élite médicale française.
Voici un article paru dans le Club de Valeurs actuelles qui propose une analyse fouillée de l’utilisation abusive du terme de complotiste :
“Hold-up”, quand la folie complotiste
s’empare du “cercle de la raison”
Jugé complotiste par le pouvoir macroniste, “Hold up” affole le monde politique qui s’empresse de vouloir le disqualifier. Et si, comme le défend notre chroniqueur Arnaud Benedetti, le terreau du conspirationisme était d’abord à rechercher là où se développe au plus haut niveau de l’Etat, un abandon du devoir de vérité au profit d’une néo-propagande.
Quand un mot devient un mantra affiché pour discréditer toute interrogation critique, il convient nécessairement de se poser la question de la pertinence de son usage. Ainsi en est-il du « complotisme », mot-valise, sémantiquement pavlovien dans sa réitération continue, dont l’effet immédiat consiste à tracer une ligne de démarcation entre le légitime et l’illégitime. La diffusion et le succès d’audience rencontré par le documentaire « Hold-up » confortera bien évidemment celles et ceux qui voient dans ce type de récit une menace qu’il convient de combattre avec force, quitte à user de procédés dont l’impact immédiat sera de restreindre la liberté d’expression sur un plan collectif. La loi Avia, fort heureusement censurée et dont le vice était à la hauteur de la vertu qu’elle prétendait défendre, en constitue l’illustration la plus indigente tant dans ses principes que dans sa rédaction. S’il existe de facto des visions falsifiées et falsifiantes de la réalité qui circulent et parfois paraissent endémiques, faut-il encore aller au-delà du confort médiatique et de la paresse intellectuelle pour en expliquer tant les origines que la dynamique.
Le « complotisme » est le symptôme d’abord de la crise de la parole publique.
S’il se manifeste avec autant de vigueur dans ce moment sanitaire total, c’est sans doute parce qu’il trouve dans la faillite de la communication de l’exécutif l’engrais indispensable à sa croissance. Quand un pouvoir dissimule et ment au grand jour, comme entre autres la controverse autour des masques l’a abondamment démontré, et qu’il refuse de le reconnaître pour préserver mécaniquement sa propre conception de l’infaillibilité ou de la bonne foi, il crée les conditions mécaniques de l’extension d’un phénomène qu’il entend par ailleurs dénoncer. Le terreau du conspirationisme est d’abord à rechercher là où se développe au plus haut niveau un abandon du devoir de vérité au profit d’une néo-propagande dont il faut, également, interroger les déterminants. Cette dernière n’est pas tant sur le fond le produit d’une volonté idéologique – promouvoir une vision explicite du monde et l’imposer, à l’instar de ce que furent les idéologies totalitaires du XX ème siècle – mais le résultat d’un effondrement oligarchique, d’une panique élitaire devant un système technocratique qui ne répond plus et ne parvient même plus à dissimuler son désarroi.
Ce mensonge est celui de la peur bien plus que celui du cynisme, de la perte de la maîtrise que de l’instrumentalisation, du détricotage du consentement plutôt que de sa fabrique. Il est le fruit d’une fuite en avant dont une partie des dirigeants imagine qu’elle permet de gagner du temps, qu’elle sera d’autant plus efficiente que l’amnésie est la caractéristique principale des sociétés de l’immédiateté, et qu’en conséquence elle permet de colmater sur la distance les avaries de légitimité. Or, cette disposition est d’autant plus inopérante qu’elle sous-estime que pour être scotchée à l’immédiat, nos sociétés sont également travaillées par une fonction de rappel permanent des contenus que les mémoires numériques ramènent à la surface informationnelle comme le mouvement de la marée. Cette loi de « l’éternel retour » imprime et déjoue les pièges de l’oubli.
Dès lors, la dénonciation du complotisme tout azimut fait figure de voiture-balai « communicante » pour discréditer toute forme de pensée critique, largement au-delà des seuls discours qui le sont réellement. Tout se passe comme si la vérité était certifiée par son caractère officiel exclusif, vertical, habité par l’onction du pouvoir, et que la contestation de cette dernière appartenait forcément à une forme de dégradation du réel. L’objet d’une telle tentation consiste à monopoliser la définition légitime des faits, d’en exclure toute autre définition concurrente, d’imposer des tabous dont la transgression est érigée comme une « violation » de la raison. Or, c’est le principe de fonctionnement d’un espace public guidé par la rationalité que d’accepter le principe contradictoire, tout simplement parce que le conspirationisme ne prospère que sur le terreau de l’unanimisme, ces deux faces d’une même monnaie politique qui est tout, sauf libérale et démocratique.
Arnaud Benedetti pour le Club de Valeurs actuelles.
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