« Faites-leur avaler le mot, ils avaleront la chose ! »
Cette citation de Lénine est appliquée avec opiniâtreté par ses descendants de la gauche progressiste qui tiennent à imposer leur propre vocabulaire !
Le néologisme féminicide en est un récent exemple !
Mais la gauche va plus loin, elle veut contrôler et régenter également les mots utilisés par ses adversaires.
L’émotion, déclenchée à gauche par l’utilisation du mot décivilisation par Emmanuel Macron, illustre bien cette vigilance de la gauche sur l’utilisation des mots.
Pourtant, il aurait plutôt fallu saluer un rare éclair de lucidité de Macron qui, admettait ainsi, enfin, la gravité de la situation sécuritaire en France.
Tout en rappelant à Macron la responsabilité personnelle qu’il a dans cette décivilisation :
« il n’y a pas de culture française »
et qui illustre parfaitement cette maxime de Bossuet :
Mais la gauche progressiste ne tolère pas que l’on remette en cause ce qu’elle appelle « le progrès en marche » ! Un progrès qu’à droite on juge plus proche de la décadence morale que de l’avancée civilisationnelle !
Voici un brillant édito de Tugdual Denis, le Directeur adjoint de la rédaction de Valeurs actuelles dont le sujet est les réactions à l’utilisation du mot décivilisation :
“Décivilisation”: Macron, la guerre des maux
Et voici donc que le mot civilisation revient dans le débat. Cela tombe bien: on aime ce mot. Moins individualiste que l’identité, plus enveloppant, moins polémique, nimbé d’histoire et de profondeur.
Quand la droite veut à la fois parler d’immigration, d’identité, d’insécurité culturelle, voilà plusieurs années qu’elle use de ce vocable. La crise civilisationnelle, c’est non seulement une réalité que les Français dotés de la vue et de l’audition peuvent mesurer, mais c’est une formule que vous avez déjà entendu dans la bouche de Marine Le Pen, François Fillon, Bruno Retailleau, ou Eric Zemmour.
En conseil des ministres ce mercredi, Emmanuel Macron a utilisé le terme de « décivilisation ». Comment le sait-on ? Parce que l’intéressé l’a laissé fuiter au Parisien, et que le président de la République avait donc envie que l’on sache son inquiétude.
« Décivilisation » ? Macron y va fort en besogne, plus encore que les droites plus haut citées. On peut tout à la fois mettre cet excès sur la ferveur du nouveau converti, sur la simple maladresse, ou sur la recherche d’une polémique. Dans une société où le débat public se polarise, il faut crier relativement fort pour se faire entendre.
À ce compte, la gauche a hurlé. Prenons juste l’exemple du député européen et ancien secrétaire général d’Europe Ecologie-Les Verts David Cormand : « L’absence de vertébration politique ou de sens de l’Histoire chez un dirigeant politique constitue un grave péril pour la démocratie. Et c’est pire encore lorsqu’il s’agit d’un Président de la République qui use de mots et de concepts qui lui échappent totalement. »
D’autres feront remarquer que ce mot, “décivilisation”, fut le titre d’un livre de Renaud Camus paru en 2011. Renaud Camus, « le théoricien du Grand remplacement », ainsi qu’il est toujours présenté.
Il faut reconnaître le pied de nez d’Emmanuel Macron à tout le moins provoquant, mais que ce mot renvoie une fois de plus à l’écrivain Renaud Camus se révèle intéressant à double titre. D’une part parce que tout ce qui touche de près ou de loin à cet artiste autrefois apprécié de la gauche a le goût indélébile du soufre, d’autre part parce qu’il se passe précisément avec “décivilisation” ce qui se passe avec “Grand remplacement”.
Cette dernière formule, en effet, diabolisée à souhait, n’indique pas autre chose dans la plupart des bouches imprudentes de ceux qui osent l’utiliser, qu’un synonyme de l’immigration de masse. Mais là voilà rangée au rayon de théorie et de complot. Si la formule “grand remplacement” me paraît à moi bien trop connotée pour être employée avec une quelconque efficacité, il faut tout de même avoir l’honnêteté intellectuelle de reconnaître que ceux qui s’y réfèrent n’ont souvent rien de complotistes et encore moins de théoriciens.
Quant à “décivilisation”, ceux qui crient « Renaud Camus ! » ou manquent de s’évanouir devant une telle remise en cause de la marche du Progrès, ils font clairement semblant de ne pas comprendre à quoi cela renvoie.
La “décivilisation”, à laquelle on préfère donc “crise de civilisation”, cela nous fait immanquablement penser à notre époque. Il faut relire les 70 premières pages de l’Archipel français (Seuil) du sociologue Jérôme Fourquet pour mesurer l’intensité de la bascule anthropologique que constitue en France la dilution de la matrice du catholicisme. On n’enterre plus ses aïeux, on les brûle au crématorium. On n’assume plus une supériorité de l’homme sur l’animal, on évite de manger de la viande. On ne mise plus sur la pérennité de la cellule familiale, on divorce à tout va.
Il faudra ajouter à ces écrits de Jérôme Fourquet tous les signaux faibles que nous renvoie sans cesse la vraie vie. Les professeurs insultés, les policiers caillassés, les pompiers agressés, les médecins molestés, les œuvres d’art escamotées, la littérature censurée, les frontières piétinées, les genres niés.
La “décivilisation”, c’est comme l’ensauvagement. On refuse de parler de barbarie et de violence au motif que le mot est trop fort ? Quand même un progressiste montre la lune, le gauchiste continuera quoi qu’il advienne à fixer du regard le doigt.
Tugdual Denis
Directeur adjoint de la rédaction de Valeurs actuelles.
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2 Réponses à “Vous avez dit « décivilisation » ?”
Il suffit qu’un individu sans foi ni loi, un simulacre adoubé par le système, dont on connait la vacuité des mots qu’il donne aux choses, parle de « décivilisation », pour que « Valeurs actuelles », à son tour, tombe dans le panneau..
Entierement d’accord !
macron use de ce terme dont il se fout parce que les elections approchent…