Wauquiez peut-il sauver la droite ?

Publié par le 26 Sep, 2017 dans Blog | 0 commentaire

Wauquiez peut-il sauver la droite ?

Wauquiez peut-il sauver la droite ?

C’est le titre du dernier numéro de Valeurs actuelles qui consacre tout un dossier au favori de l’élection à la présidence des Républicains.

Dans ce dossier on trouve :

– Une longue interview de l’intéressé,
– Un reportage sur la gestion de la région Auvergne-Rhône-Alpes dont il est le président,
– Un chapitre sur les ennemis de Wauquiez au sein de son propre parti.

C’est cette interview dont je souhaiterais présenter des extraits dans deux articles successifs. J’ai en effet été très agréablement surpris de la teneur des propos recueillis ici. Même si je me sens très proche des valeurs chères à Laurent Wauquiez – Défense de l’identité française, maîtrise de l’immigration, lutte contre l’assistanat, etc … – je trouvais qu’il manquait de charisme pour prétendre diriger un grand parti comme les Républicains, voire un jour briguer la magistrature suprême. Son look d’ado, un peu comme pour François Barouin, le dessert probablement dans ce domaine.

Mais j’ai trouvé là, un homme politique avec une vraie colonne vertébrale idéologique. Il parle de la droite et de ses valeurs avec des mots qui sonnent justes !

Wauquiez, la grande confession …

Ses détracteurs l’accusent de flirter avec le FN. Valérie Pécresse et Xavier Bertrand menacent de quitter Les Républicains s’il devait l’emporter, en décembre. Certains parmi les militants doutent de ses convictions. Lui répond à toutes ces accusations qui fleurissent sur son compte. Entretien.

Valeurs actuelles : Vous dites qu’un divorce s’est installé entre la droite et ses électeurs. Depuis quand ?

Laurent Wauquiez : À une époque, la parole de la droite était infiniment plus libre, plus directe, plus en prise avec la réalité vécue par les Français. Le mode d’expression du général de Gaulle, par exemple, ferait aujourd’hui l’objet de censures immédiates de la part des gardiens du politiquement correct.

Je crois que ce divorce s’est installé au milieu des années 1990. C’est le moment où la droite est devenue « techno », celui où elle est tombée dans un piège : le désenchantement de la politique. À partir de ce moment, la droite n’a combattu la gauche que sur des histoires de curseurs. Fait-on 2,8 ou 2,9 % de déficit ? Quelle petite réformette technique propose-t-on?

En réalité, la droite a fait semblant de combattre la gauche en disant qu’elle serait allée un peu plus loin, qu’elle aurait fait un peu mieux,

mais elle a adopté le soubassement idéologique de la gauche, et
a rejoint le ventre mou d’une social-démocratie qui n’exprime plus rien.

La bataille, depuis ce basculement des années 1990, oppose un centre droit à un centre gauche qui ne proposent qu’un filet d’eau tiède. […]

Valeurs actuelles : Quelle conclusion tirez-vous des défaites de la droite en 2012 et 2017 ?

Laurent Wauquiez : Contrairement à l’analyse que j’entends beaucoup, je ne crois pas que nos échecs soient dus à une droite qui assume ses valeurs ! Souvenons-nous du formidable élan autour de Nicolas Sarkozy en 2007, il avait eu le courage de secouer la torpeur de la pensée de droite, ce fut une de nos plus belles victoires.

Je pense que nos échecs sont dus aux doutes qui se sont instillés au sujet de notre détermination à faire. Nos électeurs ont le sentiment qu’on ne va jamais jusqu’au bout quand on est au pouvoir. Et c’est vrai, nous en sommes trop souvent restés à la couche superficielle. Mais cela s’explique simplement : ce virus, cette soumission à la pensée de gauche dont je parlais, est très présent dans les esprits.

Regardez les conclusions que certains tirent de nos défaites! Ils disent : « Cap à gauche ! » La reconstruction de la droite ne doit donc pas se faire sur un reniement de ce que l’on est, mais sur une réaffirmation.

Je suis convaincu qu’une majorité de Français attendent cette affirmation des valeurs que porte la droite, qui ne sont pas des valeurs d’une droite soi-disant « dure », mais juste les valeurs centrales de la France.

Valeurs actuelles : Vos électeurs vous reprochent aussi d’avoir abdiqué un discours ferme …

Laurent Wauquiez : Nos deux grandes défaillances ont été sur le travail et l’immigration. La France a continué à détruire sa relation au travail et nous n’avons pas su expliquer la différence profonde entre le travail et l’assistanat. Et sur l’immigration, nous n’avons pas été capables de prendre des mesures qui permettaient de réguler suffisamment le phénomène.

Ces deux exemples illustrent bien l’erreur majeure que nous avons commise : la droite pense que, pour s’ouvrir, elle doit récupérer une pensée de gauche.

Je crois l’inverse. Pour occuper tout le champ, la droite doit montrer qu’elle a une pensée dans tous les domaines. Nous devons, par exemple, investir le thème du social.

La gauche défend les situations acquises, elle propose de pérenniser l’assistanat. Je veux défendre le social par le travail, qui est l’inverse du social par les prestations.[…]

Valeurs actuelles : Comment retrouver une « pensée de droite » ?

Laurent Wauquiez : Je suis très frappé par le contraste entre la vitalité du débat chez les intellectuels de droite et le vide sidéral de nouvelles idées des politiques de droite. Je veux faire se connecter les deux hémisphères. Nous avons la chance de vivre une époque avec des Finkielkraut, des Houellebecq, des Le Goff, des Bellamy, il faut les écouter et leur donner la parole. C’est mon premier chantier.

Propos recueillis par Geoffroy Lejeune, Raphaël Stainville, Louis de Raguenel, Patricia de Sagazan, Pierre Dumazeau et Bastien Lejeune pour Valeurs actuelles.

Dans un prochain article, Laurent Wauquiez se justifie sur son parcours politique et répond à ses détracteurs au sein des Républicains.

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