Notre époque ne méritait plus Alain Delon

Publié par le 22 Août, 2024 dans Blog | 1 commentaire

Notre époque ne méritait plus Alain Delon

Nous avons entendu plusieurs fois Alain Delon se plaindre de son époque, et de ses propres valeurs qui n’étaient plus « à la mode » dans le monde qui l’entourait.

Cela m’a rappelé une anecdote attribuée au célèbre Léon Zitrone, vedette de la télévision. Après une altercation avec un automobiliste avec qui il avait échangé quelques noms d’oiseaux, il avait conclu par ces mots :

« Monsieur, je vous raye de la liste de mes auditeurs ! »

J’ai un peu le sentiment qu’Alain Delon, le Samouraï, s’est lui-même rayé de notre époque en nous laissant face à notre décadence ou plutôt à la décadence de nos élites.

Car si les Français ont toujours aimé le Battant, le monde de la culture ne lui pardonnait pas d’afficher ses convictions de droite. On se souvient qu’une pétition avait même été lancée par ces « élites » pour s’opposer au César d’honneur qu’on envisageait de lui donner !

Alain Delon a rejoint l’éternité, et nous laisse à la médiocrité de notre époque et à l’aberration de ce wokisme qui gangrène nos élites et qui devait lui paraitre insupportable.

Voici un excellent article signé Eve Vaguerlant et paru dans le Club de Valeurs actuelles :

Mort d’Alain Delon : cette part de la France qui s’en va avec lui

Le célèbre acteur, comme nombre de comédiens de sa génération, est issu du peuple, quand les stars actuelles sont généralement venues de la bourgeoisie ou de la classe moyenne. Pourtant, ce sont bien les premiers qui nous ont fait rêver, fait découvrir la beauté, notion à l’opposé des formes artistiques trop souvent mises en exergue par la critique de nos jours.

Ces dernières années, les disparitions se sont multipliées dans la génération d’acteurs nés dans les années 1920 et 1930 : Jeanne Moreau, Jean-Paul Belmondo, Monica Vitti, Anouk Aimée nous ont successivement quittés, et maintenant Alain Delon. À chacune de ces disparitions, nous éprouvons quelque chose de plus que la tristesse face à la perte de personnes que nous admirions et qui nous étaient familières ; c’est une forme de mélancolie qui s’installe chez beaucoup de Français au souvenir, non seulement de personnes disparues, mais aussi d’une époque perdue. Ce sentiment, réveillé il y a quelques jours par la mort du plus emblématique des acteurs de cette période, vient de ce qu’il y a là d’irrémédiable et de la certitude que désormais, si la France saura encore produire de bons acteurs, elle ne saura plus produire un Alain Delon.

Qui peut imaginer désormais un enfant élevé dans une famille d’accueil, renvoyé de la plupart des établissements scolaires qu’il fréquente et devenu une sorte de petit voyou, faire carrière dans le cinéma qu’on dit d’“auteur” auprès de figures comme Luchino Visconti, Michelangelo Antonioni, Jean-Pierre Melville, Alain Cavalier, Joseph Losey, etc. ? Delon, doté d’un CAP charcuterie et sans avoir jamais mis les pieds dans une école d’acteurs, saura incarner dans le Guépard un Tancrède plein d’élégance décontractée auprès d’un Burt Lancaster sublime de noblesse fatiguée dans le rôle du prince Salina et lui-même ancien acrobate de cirque. Un peu après Delon, on verra surgir en France un Depardieu, ex-loubard qui s’était même prostitué quand il était gamin des rues, et Fabrice Luchini, le garçon coiffeur. L’un comme l’autre sauront exprimer toute la poésie de la langue française, le premier en revêtant la cape de Cyrano, l’autre en enfourchant son destrier pour devenir le Perceval de Chrétien de Troyes et la star des films du très intello Éric Rohmer.

La classe populaire française existait

Ces parcours sont la marque d’une France qui possédait encore une classe populaire vivante, dotée d’une âme et d’un caractère propres et capable de produire une culture originale. À cette époque, une enfance passée dans les classes populaires forgeait la personnalité, quand aujourd’hui les codes du ghetto l’annihilent. Nos jeunes de banlieue, s’ils font des apparitions au cinéma, ne savent y être qu’eux-mêmes et personne ne peut réellement croire ceux qui s’enthousiasment pour la langue des cités et pour le rap, les voyant comme des productions d’une nouvelle culture populaire, des équivalents de la gouaille d’Arletty ou des chansons d’Édith Piaf.

Quant au cinéma d’auteur, s’il se porte à merveille, il tire surtout son énergie du talent d’enfants de la balle, de Louis Garrel à Léa Seydoux, en passant par Vincent Macaigne et Sara Giraudeau ; même l’insolent Raphaël Quenard, avec sa tête de voyou et son parcours atypique, est fils d’ingénieur et ancien élève d’un cours d’art dramatique. Anaïs Demoustier, Raphaël Personnaz ou Julie Gayet — sans parler de Jeanne Balibar et Mathieu Amalric dans la génération précédente —, sont également issus de la classe moyenne aisée, voire de la bourgeoisie intellectuelle. Ce cinéma, avec toutes ses qualités, fonctionne largement en vase clos : il est fait par des personnes éduquées pour les classes éduquées, alors que celui qui l’avait précédé jusque dans les années 1980 témoignait encore d’une véritable circulation entre la culture populaire et celle des élites. Mais il faut un peuple pour avoir une culture populaire.

La découverte du vrai cinéma

En ce qui nous concerne, nous n’oublierons jamais que nous avons découvert le vrai cinéma vers nos 16 ans avec Visconti, et donc avec Delon, Claudia Cardinale, Annie Girardot, Helmut Berger, Romy Schneider… Dans ce cinéma, la beauté était partout, sur les visages, dans les décors, dans les costumes, dans les mots et dans la musique de l’incomparable Nino Rota. Elle transfigurait le malheur, le désespoir et la violence. La beauté de Delon lui-même, avant que nous la découvrions plus provocante dans Plein Soleil ou la Piscine, fut d’abord pour nous celle d’un ange de douceur dans Rocco et ses frères.

Lui qui disait à la fin de sa vie avoir tout joué sauf le Christ avait pourtant été christique dans ce rôle de cadet prêt à tous les renoncements et à tous les sacrifices pour sauver son grand frère déchu, allant jusqu’à prendre ses fautes sur lui et à porter tout le poids d’une culpabilité dans laquelle il n’avait aucune part. Dans ce rôle, Delon fut pleinement acteur, bien avant que son jeu se fige et qu’il se mette à “faire du Delon” — ce qu’il fera d’ailleurs avec succès dans beaucoup de grands films encore — ; dans ce rôle, son plus grand selon nous, il s’est coulé tout entier dans un personnage et a parfaitement su jouer sur toute la gamme des émotions.

À la fin de Rocco et ses frères, dans un discours poignant pour la célébration d’une amère victoire dans un match de boxe, encore inconscient du grand mal qui vient de s’abattre sur sa famille mais le pressentant, Rocco commence ainsi : « Un jour viendra, qui n’est pas proche sans doute, où je m’en retournerai au pays… », dans ce pays qui est « celui des olives, du mal de lune et des arcs-en-ciel ». Ce discours est celui d’un exilé du sud de l’Italie parti vivre dans le nord. La nostalgie qu’il exprime trouve aujourd’hui un nouvel écho, lorsque l’on songe que celui qui le prononça dut, dans ses derniers jours, se sentir lui-même en exil dans son propre pays, qu’il ne reconnaissait plus. Dans l’ère diversitaire, au pays d’Emmanuel Macron et de ses drag-queens, ses idées sur la virilité et l’honneur n’avaient plus cours, elles faisaient même un peu tache. On détournait le regard de l’ancienne star, qui n’était plus que l’ombre d’elle-même.

Alain Delon s’en est donc finalement retourné au pays. Il nous laisse nous demander dans quel monde nous allons vivre et en quelle compagnie. Lui a désormais trouvé sa vraie place, au panthéon du cinéma.

Eve Vaguerlant pour le Club de Valeurs actuelles

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Une réponse à “Notre époque ne méritait plus Alain Delon”

  1. Cette epoque e se vit pas, elle est supportée par nombre de gens.

    L’epoque actuelle, est vidée de presque toutes ces valeurs, et remplacés par des mensonges,
    dont le president, pseudo progressite, est le garant actuel, avec la goche et une partie de la fausse droite, qui savent detruire la substance meme de notre nation, ou laissent faire.

    Pour le commun des mortel, la beauté a son niveau n’est pas comprehensible, elle est incomprehensible pour eux.

    Pour ceux etant beaux, ou l’ayant été, c’est un langage tres comprehensible, tandis que le langage des gens ordinaire ne l’est pas, tant qu’on a un certain niveau de beauté.

    L’ayant ete assez, je le voyais visuellement comme quelqu’un de juste normal physiquement, genre monsieur tout le monde et sans plus, avec aucune beauté,
    quand aux autres, ils etaient pour moi incomprehensible la plupart du temps, et ca a ete pareil pour lui… et pour tous ceux ayant atteint un certain niveau, c’est pareil.

    Explication :
    Les gens beaux voyent avec leur yeux
    les gens ordinaires avec leur yeux…
    Ce qui modifient leur vision physique pour les deux categories, c’est l’ensemble de la personne dont il sont fait et qui a un effet sur la vision.

    Contrairement a ce que je croyais, tous le monde a une vision qui est « personnalisée », par les qualités et les defauts de chaque personnes,
    Cette vision, se modifie avec l’age, plus on avance dans l’age et plus notre vision changera pour s’adapter a la personne entiere qui nous constitue.

    Quand je vois ( ex ) les anciennes speakerines de la TV, dans des documentaires d’autrefois, je mesure combien ma vision est terriblement differente d’autrefois, là ou je voyais des personnes seulement normales,
    je vois maintenant de magnifique personnes, voire sublime et tres fines dans leur comportement…

    Je ne crois pas qu’A Delon, loi aussi, ai vraiment apprecié ces changements, sa vie a dû lui paraitre bien curieuse, au minimum.

    A mon avis, outre les problemes de notre epoque, il a dû etre bien content que tout s’arrete pour aller ailleurs.

    C’est pareil pour B Pits, par exemple…

    Les gens ordinaire changent peu, les autres beaucoup…

    Quand au pauvre macron, le pôvre, adulé sur son physique, on se demande quelles sont les personnes capable de l’apprecier… c’est vraiment completement anormal.

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