Un certain écoeurement me prend quand je vois les yeux enamourés que certains responsables des Républicains affichent pour Macron. Beaucoup d’observateurs conviennent qu’on ne connait pas vraiment le programme de Macron. On en a l’esquisse sur le plan économique, une esquisse effectivement compatible avec les Républicains, mais sur le plan sociétal, c’est la bouteille à l’encre et l’on peut légitimement nourrir des doutes sérieux sur la volonté d’Emmanuel Macron de maîtriser l’immigration et de contenir l’arrivée massive de migrants qu’on nous promet. Sur le plan des valeurs de la droite, notamment sur le respect des droits des enfants et de la filiation naturelle (refus de la PMA, de la GPA), nous sommes certains d’avoir des oppositions majeures avec le nouveau président.
A moins que ces gens-là ne se sentent déjà plus tout à fait de droite ?
Dans ce climat d’incertitude programmatique, il est illégitime pour des responsables des Républicains de tenter, d’ors et déjà, de créer un groupe spécifique des députés « macron-compatibles » auquel ils ont déjà trouvé un nom : les constructifs ! Ne devraient-ils pas attendre d’en savoir plus sur le programme que Macron compte appliquer ? Ne devraient-ils pas consulter les militants à qui ils doivent leurs postes au sein des Républicains ?
Voici, sur le même sujet, un article de Marion Mourgue paru hier dans le Figaro Premium :
Comment l’exécutif tente de dynamiter la droite à l’Assemblée
Des députés Les Républicains ont notamment été appelés par le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, et par le premier ministre, Édouard Philippe.
C’est une question de jours. Les Républicains devraient avoir deux groupes à l’Assemblée, le premier «canal historique», le second constitué des «constructifs», ces députés macroncompatibles qui entendent travailler avec la majorité présidentielle sans pour autant se diluer dans le groupe La République en marche (LREM). Emmanuel Macron est d’ailleurs en contact direct avec certains de ces élus «constructifs». «Je suis de droite, je ne veux pas devenir En marche! mais je veux peser de façon intelligente sur les choix et les orientations du gouvernement. On a quand même un premier ministre de droite!» s’enthousiasme l’un d’entre eux.
Pour déposer ou créer ce second groupe, les élus LR ont jusqu’à mardi 27 juin 18 heures. De quoi tendre encore un peu plus les relations à droite. Du moins, amener les uns et les autres à se positionner clairement et rapidement. «On ne voulait pas partir, mais devant le sectarisme de certains, on s’aperçoit que rien n’a changé. Ils continuent à diviser», juge un «constructif». « Ils vont continuer avec le même président de groupe, comme avant, alors que le monde s’effondre devant eux ?» poursuit cet élu LR en visant Christian Jacob, candidat à sa propre succession à la tête du groupe dont l’élection est prévue mercredi à 10 heures.
« Bon débarras ! »
Persuadés de ne pas pouvoir se faire entendre de l’intérieur, ni modifier la ligne du groupe comme ils le souhaitent, les élus macroncompatibles pourraient aller jusqu’à claquer la porte. «Si la question, c’est: sommes-nous assez nombreux pour constituer un groupe, la réponse est oui», assure l’un d’eux. «Bon débarras!» répliquent des élus LR «canal historique». «Au moins, comme ça, c’est clair! Nous n’avons plus rien à faire ensemble.»
Toute la journée de lundi, Thierry Solère, député de Boulogne-Billancourt, et Franck Riester, élu de Seine-et-Marne, ont multiplié les coups de fil pour parvenir à convaincre au moins 15 de leurs 111 collègues (113 députés LR ont été élus dimanche soir). Soit le seuil nécessaire pour constituer un groupe à l’Assemblée.
Certains députés LR ont aussi été appelés par le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, et par le premier ministre, Édouard Philippe. Objectif: féliciter les intéressés après leur victoire et… échanger sur la situation politique du moment. «Vous avez soutenu un camp contre lequel je me présentais!» ont rétorqué sèchement certains des députés contactés, peu séduits par les tentatives de débauchage des « constructifs ».
D’autres, à l’inverse, se sont montrés bien plus attentifs à cette main tendue. « Ensuite, c’est du bouche-à-oreille. Un député dit qu’il nous rejoint et convainc à son tour deux amis », veut croire un élu «constructif». Dans ce deuxième groupe, outre Thierry Solère et Franck Riester, devraient figurer tous ceux qui ont annoncé qu’ils voteraient la confiance au gouvernement le 4 juillet (à l’instar du député de Paris Pierre-Yves Bournazel, de Jean-Luc Warsmann des Ardennes ou de Vincent Ledoux, successeur de Gérald Darmanin dans le Nord) ; ceux qui n’avaient pas de candidat LREM face à eux pendant les législatives, comme les lemairistes Laure de la Raudière (Eure-et-Loir) ou Antoine Herth (Bas-Rhin) ; et des élus UDI tel Yves Jégo, soutien de Bruno Le Maire pendant la primaire. Et pour prendre la tête de ce groupe, les regards se tournent tous vers Thierry Solère. «Meilleur ami» d’Édouard Philippe, comme le député LR l’exprimait lui-même dimanche soir, il a la pleine confiance du premier ministre …
Marion Mourgue pour le Figaro Premium.
Je suis particulièrement déçu par Thierry Solère, qui avait un travail remarquable et montré une totale impartialité dans l’organisation des primaires de la droite et du centre.
Le voir aujourd’hui, prendre la tête de ce qu’on va bientôt pouvoir appeler : « les frondeurs de la droite » a dû être très mal ressenti par une grande partie des sympathisants et des électeurs de républicains !
Voici la vidéo d’une interview de Bernard Accoyer qui donne son point de vue sur Macron et sa stratégie :
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